ROUTINE est une démarche, une philosophie de travail, une interférence dans mes/nos habitudes de production. J’y interroge pratiques et transmission au regard de l’habitude.
Mince ! Deux fois le mot HABITUDE et déjà pas le même sens. À ce compte là, peut être qu’on n’entend pas la même chose par PRATIQUES et TRANSMISSION.
Dans la forme, avec ROUTINE j’investis des magasins éphémères à la géographie mobile, je fabrique des formes spectaculaires en imaginant leur extension visuelle et plastique, seule et en collaboration.
Dans le fond, ROUTINE est ce un projet de vie ?
Peut être bien !
C’est pour ça qu’il débute en 2019 et que je n’en connais pas la fin.
Si la danse est un travail d’expérience alors mon parcours de vie se tisse à mon parcours de pratiques. Et si l’on pense la pratique en tant qu’expérience, ROUTINE va s’atteler à réactiver la pratique.
La pratique ça n’est pas seulement mon échauffement de danseuse, ma mise en route ne passe pas seulement par une mise en corps.
La pratique c’est tout ce qui fait rituel, tout ce je traverse dans un rapport d’habitude.
Penser peut être une pratique. Lire aussi. Écouter en boucle une chanson. Faire des blagues…
Pourquoi les pratiques ?
Les pratiques me mettent au travail.
Elles sont déjà le travail.
Elles sont une vision de l’espace, du temps, du rapport à l’autre, du groupe, de mon esthétique. Elles dessinent mon patrimoine gestuel et culturel.
Chaque objet chorégraphique est une création de pratiques qui s’est constitué dans une forme.
ROUTINE pointe aussi l’importance du rapport extérieur comme matériau, comme collaborateur, comme trace.
ROUTINE c’est mettre en visibilité un processus à l’œuvre.
C’est imaginer un chemin partageable et non une acmé fantastique
C’est revenir au plus près du réel, de la puissance du faire et avoir la foi en son partage au quotidien.
Pour cela, je pense le temps et l’espace et je crée de l’interférence dans le rapport traditionnel résidence création, dans la mise en représentation d’un objet, dans la rencontre avec le public.
Je deviens sujet, tout devient sujet.
Je glisse vers l’atelier de l’artisan pour appréhender la quotidienneté.
J’imagine un mouvement de pensée porté collectivement fait de collaboration, de troc, d’intimité partagé, de presque rien.
Pour que d’une démarche artistique apparaisse du commun, du partageable et non du consommable.
Eloïse Deschemin – mai 2019